Vous êtes les bienvenus !
Je m’appelle Kim Kelly et je suis née en 1991 à Paris.
Je vais vous raconter mon histoire.
Tout a commencé avant même que je sois conçue…Ma mère était alors âgée de vingt ans…Un après-midi, elle décida de repeindre l’appartement. En quelques heures, les travaux lui déclenchèrent des nausées. Elle décida d’aller voir le médecin. Celui-ci lui demanda si elle pouvait être enceinte. Pour le savoir, elle décida de faire un test de grossesse. Il était négatif. Mes parents, pourtant très jeunes, furent surpris d’être déçus en apprenant cette nouvelle. En un regard, ils surent alors qu’ils étaient prêts. Ils décidèrent quelque temps après de s’envoler pour le Mexique et de me concevoir sur l’île de Mujeres, appelée l’île des femmes. A l’époque Maya, cette île était le lieu de culte d’Ix Chel, déesse de la fécondité.
Si je dois ma vie à mon père et ma mère et peut-être à Ix Chel, je la dois donc avant tout … à la peinture. Etre née des suites d’une intoxication à la peinture, belle destinée pour une artiste peintre, non ?
La première fois que je me mis à peindre, j’étais âgée de 8 ans, en vacances chez mon père à Bendor, je ramassai des galets et me mis à les couvrir de couleurs. Je m’assis ensuite sur un banc et commençai à les vendre. J’amassai près d’une centaine d’euros. Ma mère me demanda d’où venait tout cet argent. Je lui montrai mes créations.
Elle me dit que c’était magnifique mais que ce que je venais de faire était totalement illégal.
Durant mon enfance, je fus confrontée à pas mal de difficultés parce que je voyageais énormément et parlais plusieurs langues étrangères. Tout cela m’occasionna certaines lacunes en français. Mais cela fit très vite partie de mon charme, capable d’inventer des termes saugrenus ou de ne pas employer le mot approprié.
A cause de cela, années après années, je dus me battre pour maintenir un niveau scolaire décent. Un professeur particulier s’occupa de moi pour me faire la leçon tous les soirs.
Malgré toutes ces difficultés, mes professeurs saluaient ma façon d’être et de penser.
Un jour, ma mère se fit même convoquer. On lui dit :
« Je ne sais pas ce que fera votre fille plus tard, mais elle sera heureuse, c’est certain ! »
Au collège, ma professeur d’arts plastiques crut tout de suite en mon talent. Elle exposa chacune de mes productions avec fierté. Ce fut la première personne qui convoqua ma mère pour lui dire : « Je ne dis à aucun parent de mettre son enfant dans l’art mais votre fille possède vraiment quelque chose ! »
A 13 ans, après un stage d’une semaine chez une artiste, celle-ci écrivit en guise de compte rendu : » « Ce n’est pas elle, c’est moi qui ai été en stage ! »
Malgré ces encouragements, je décidai pourtant de débuter mes études supérieures dans le stylisme car j’aimais m’habiller de façon extravagante. Je pensais que la mode allait me plaire.
Le jour de ma rentrée en deuxième année, ma mère stoppa net la voiture sur la route du lycée et me dit : « Qu’est-ce que tu vas faire dans cet établissement ? Tu n’es pas faite pour la mode ! Cette prof d’arts plastiques t’a dit que t’étais faite pour l’art !
Regarde qui tu es, tu es faite pour aller aux Beaux-arts, allez je t’y amène ! »
Surprise, Je lui répondis qu’il fallait que je fasse 3 ans pour obtenir mon Bac… que je ne savais pas dessiner. Elle me répondit : « Tu as le talent, c’est cela qui compte ! »
Elle fit demi-tour et m’emmena en prépa des Beaux-arts.
Nous demandâmes un entretien avec le directeur. Il nous reçut. Je racontai qui j’étais : mes voyages, ma mentalité, ma philosophie.
Le directeur fut touché « Des personnes comme vous, je n’en ai pas, vous êtes la bienvenue ! » Je visitai l’école, je n’avais jamais touché à un pinceau, à un appareil photo. J’observai les gens qui peignaient, qui dessinaient, qui sculptaient…je m’empreignais de l’atmosphère… Je me sentis enfin arrivée chez moi !
Le directeur me prévint que n’ayant le bac et étant une jolie fille, on ne me ferait pas de cadeau !
Au concours d’entrée, voyant que je venais grâce à une dérogation du directeur, les quatre membre de mon jury m’annoncèrent : « Vous n’avez pas de bac, on appelle tout le monde ! » Tous mes futurs professeurs arrivèrent pour m’écouter parler.
« Mademoiselle, vous avez 20 minutes, bonne chance ! »
Je me levai, le cœur battant à tout rompre, j’expliquai mon projet, leur fis part de ma motivation sans faille. Ils me regardèrent, se levèrent tous et malgré leur devoir de réserve, ils me félicitèrent : « Bravo, vous avez gagné votre place ! »
Mes années aux Beaux-Arts furent trois années splendides émaillées de rencontres, d’apprentissage, de montées d’adrénaline, d’histoires d’amour, d’amitiés, de fêtes, d’émotions en tous genre. Jusqu’à ma licence, je ne cessai de produire des tableaux, des oeuvres, de progresser.
Après cela, bien que je veuille rester dans mon confort et malgré mes excellents résultats, on me mit à la porte : « Vous avez eu votre licence, vous repartez avec votre diplôme sous le bras mais vous ne serez pas là l’année prochaine ! »
Stupéfaite, je demandai pourquoi. On me demanda alors : « Comment s’appelle votre professeur de peinture ? »
Je n’en savais rien.
Devant mon silence, ils répliquèrent : « Vous savez pourquoi vous ne savez pas ? »
Je répondis par la négative. Ils me répondirent : « Parce que vous êtes plus forte que lui et que vous n’avez rien à apprendre de lui. Que faites-vous encore ici, allez exposer et bonne chance ! »
Je dus partir à contre cœur, m’éloignant de mes amis artistes avec qui j’aimais tant être et créer.
Deux mois après, tous les gens qui m’entouraient, que j’aimais, me poussèrent à exposer au moulin de Saint Côme dans le Sud de la France…
Je suspendis mes toiles sur des machines d’huile d’olive, des tractopelles…
Ce fut une réussite, ces quelques jours furent savoureux.
Mais, cette première confrontation avec le public déclencha en moi une peur incontrôlée, celle de l’éventuelle réussite et de ses conséquences…
Agée de 21 ans, je me trouvai alors toutes sortes de raisons de partir, je voulais faire mes preuves, seule, me tester, voir ce dont j’étais capable…
J’écumai les galeries d’art de Paris, beaucoup me firent des propositions que je déclinai car je refusai qu’on sélectionne mon travail, d’entrer dans un aspect trop commercial. « Une carrière ne se lance qu’une fois dans une vie. Etre étiquetée dans une catégorie, ce n’est pas avec ça qu’on fait un grand artiste de demain. Je ne donnerai jamais mon art, ma peinture ».
Il me fallait comprendre les rouages du monde de l’art. J’ai alors économisé en ouvrant une boutique d’antiquaire à Clignancourt que je customisai en lieu artistique attirant l’œil des parisiens et des touristes. Mes bénéfices me permirent de partir à New York, aux Etats-Unis avec pour optique de montrer mes toiles et voir ce qu’en pensaient les américains.
Avec 2000 euros seulement en poche, la réservation d’un petit appartement provisoire, je passai à la douane avec le visa touriste et 25 kg de toiles enroulées les unes sur les autres…
Je fis le tour des galeries d’art sans piston, sans cartes de visites, sans site internet, juste moi…Je voulais savoir comment l’art fonctionnait. J’appris énormément mais comme à Paris, je refusai les propositions ayant du mal avec certains aspects trop commerciaux.
En rentrant en France, je pris la décision de m’installer dans les Landes.
Depuis, je ne cesse de sortir de nouvelles productions.
Pour la première fois en France, j’ai exposé à la galerie Vis’Art de Toulon du 23 août au 4 septembre 2016.
Cet hiver, c’est la prestigieuse galerie Bartoux de Courchevel qui devrait présenter mes dernières œuvres.